mardi 20 août 2019

Cultivons la disruption positive !

Reprise de l’Article “Cultivons la Disruption Positive” paru dans La Revue des Marques - Eté 2019

Tout change, se transforme, au point que l’on distingue aujourd’hui, dans les conversations, dans les médias, le « nouveau monde » de « l’ancien monde ». De quoi parle-t-on ? Cette césure dépasse de loin l’avènement du « digital ». Il s’agit d’un changement de nature de la société, un nouveau contexte dans lequel il nous faut évoluer différemment. Récit !

Intuitivement, chacun peut associer des représentations opposées – voire caricaturales – à ces deux mondes. L’ancien se présenterait comme hiérarchique, mécaniste, gris, planifié, ennuyeux, vertical, privilégiant l’avoir, le statut, le paraître, le conformisme, la norme. Et le nouveau se décrire comme digital, coloré, créatif, passionnant, horizontal, imprévisible, privilégiant l’être, la relation, l’authenticité, l’engagement…

Sur le fond, de quoi s’agit-il ? Pour Jean Staune “L’Intelligence Collective”, scientifique et philosophe, nous serions tout simplement en train de changer la représentation même de notre de civilisation. Pour lui, il y avait jusqu’à lors le monde déterministe de Newton, où tout a sa place (la mécanique, les planètes), tout est prévisible, où l’ordre est la clé de la performance. Apparaît aujourd’hui un monde né d’une conception plus récente, la physique quantique, où tout est dynamique, relatif, indéterminé, fractal, systémique (les particules élémentaires, la relativité, le vivant, l’Internet). Les chercheurs d’Harvard parlent déjà depuis une dizaine d’années de monde du chaos et décrivent ce monde par l’acronyme VICA, pour Volatile, Incertain, Complexe, Ambigu.

Les marques grand public ne s’y sont pas trompées, et se positionnent aujourd’hui sur l’expérience, l’engagement, le bon, le bio, le vrai. Le grand public le vit déjà, le demande de plus en plus : préférence pour les circuits courts, déconsommation, recherche du vrai, montée des exigences citoyennes. Chacun aspire aujourd’hui à être davantage acteur, à se réaliser dans sa vie.

En revanche, il y a un domaine où ce changement de civilisation peine à s’installer, c’est paradoxalement dans le domaine du conseil, ces entreprises qui justement accompagnent les entreprises elles-mêmes sur leur stratégie, leur transformation, leur management.

Aujourd’hui deux natures d’offre d’accompagnement co-existent. Les acteurs du conseil qui ont grandi avec le paradigme précédent sont centrés sur une expertise verticale (performance, optimisation des processus, organisation, stratégie), et les acteurs d’une offre nouvelle, centrée sur l’humain (coaching, facilitation) que l’on pourrait qualifier d’horizontale. Ces acteurs n’apportent de fait volontairement plus d’expertise de contenu.

Pourtant, pour être pleinement acteur de ce nouveau monde, il faudrait et l’humain et les savoirs, l’un et l’autre devant se conjuguer l’un par l’autre pour engendrer la dynamique créatrice nécessaire pour évoluer en continu.

Les acteurs qui l’ont compris aujourd’hui disruptent l’économie et la société, changent les règles, imposent de nouveaux formats économiques et ou imposent de nouvelles valeurs. Dans les disrupteurs économiques l’on trouve les GAFA, Netflix, Uber, BlablaCar, Doctolib. Chez les disrupteurs au plan sociétal des marques telles que BioCoop, Weleda, Enercoop, Le Slip Français, L’Occitane, Naturalia. Ces entreprises conjuguent la vision, l’agilité managériale, le flux de connaissance et la capacité d’agir.

Cette montée en puissance des disrupteurs a été récemment mise en évidence par le classement BrandZ™Top 50 France 2019 de Kantar Millward Brown et WPP en décembre 2018 Classement BrandZ™Top 50 France 2019 de Kantar Millward Brown et WPP. Le communiqué titrait : « Disruption et RSE, moteurs de croissance de la valeur des marques françaises ». Communiqué Kantar Millward Brown et WPP “Disruption et RSE, moteurs de croissance de la valeur des marques françaises”

Pour ces marques, pour ces organisations, le nouveau monde est bien plus qu’une opportunité, c’est la nouvelle réalité. Pour se transformer en entreprise du nouveau monde, il faut mobiliser en continu l’humain par une vision – c’est à dire une capacité à penser ensemble le futur, développer l’intelligence collective, et nourrir le collectif du flux immense et continu de connaissances nouvelles nécessaires pour jouer pleinement son rôle et être créatif, agile, efficient.

C’est cette voie transformatrice qu’a entrepris Pierre Giorgini, Président Recteur de l’Université Catholique de Lille depuis 2013, avec ses équipes. Il déclarait fin mars : « En deux mandatures, “Osons la confiance” et “Osons l’espérance” - qui est en cours - j’ai engagé l’Université dans une démarche de réinvention, considérant, ses nombreux défis dont celui de repenser ce qu’est l’éducation dans une société où l’information est surabondante. Nous avons entrepris ensemble de questionner notre rôle de lieu éducatif. L’éducation peut être décrite globalement comme le passage de l’information à la connaissance, de la connaissance à la sagesse, et de la sagesse à la spiritualité. Ainsi chaque composante de l’Université resitue son rôle et repense son approche pédagogique : classes inversées, design thinking, expériences, making. Notre objectif : devenir collectivement acteurs des évolutions de notre siècle » Retours sur la soirée “Osons La Disruption Positive, LaCatho-InPrincipo”. Et cette réinvention est visible jusque dans les chiffres. Ces quatre dernières années, les effectifs de l’Université Catholique de Lille ont grimpé de 26.000 à 33.000.

En 2014, In Principo commence à collaborer avec l’Université Catholique de Lille sur une thématique de recherche nouvelle - les écosystèmes innovants - portée par Michel Saloff-Coste. De cette collaboration naît en 2017 la prise de conscience que pour réussir le basculement des entreprises dans le nouveau monde, il devient nécessaire d’inventer une nouvelle nature d’accompagnement, conjuguant le flux de connaissances nouvelles et d’expertise d’une université, avec la posture d’accompagnement d’un facilitateur pour faire émerger la dynamique vivante de l’intelligence collective du cœur de l’organisation, la dynamique sans laquelle l’entreprise ne peut être créative, agile, efficiente.

C’est pour répondre à cette nécessité que L’Université Catholique de Lille et In Principo ont créé ensemble en 2018 un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) avec pour marque LaCatho-InPrincipo et pour proposition de « Cultiver la Disruption Positive ».

La disruption positive, c’est une entrée complète dans le nouveau paradigme intégrant une disruption économique, une disruption par les valeurs. La disruption positive permet alors de gagner sur toutes les dimensions de la transformation en une seule démarche : la transformation des acteurs, la mobilisation par le sens, la différenciation par l’impact et la valeur d’usage, la créativité et l’innovation, l’agilité et l’efficience. Pourquoi ? Parce qu’en cherchant un impact positif au plan sociétal, tout fait alors sens pour chacun, et donc l’entreprise peut développer une dynamique auto organisatrice : être créative, agile, efficiente …

La disruption positive est ainsi l’action de relier en une seule et même démarche les défis d’une organisation aux aspirations fondamentales de chacun de ses membres. La disruption positive permet de se mobiliser avec pertinence et efficacité sur ce qui fait sens, de se différencier plus vite, d’innover plus juste en étant porté par les collaborateurs, les clients et les partenaires de l’entreprise. Et comme la dynamique des mutations est continue, la disruption positive se cultive dans le temps !

Pour Pierre Giorgini “la disruption positive est une démarche joyeuse car répondre à ce qui fait fondamentalement sens pour chacun engendre collectivement de la joie”.

Aujourd’hui, les grands acteurs du conseil proposent une lecture angoissante du monde, conjuguant des impératifs d’accélération, de performance opérationnelle et de créativité, à des organisations toujours plus impersonnelles. Leur horizon proclamé est l’intelligence artificielle, la standardisation des services par les algorithmes, alpha et oméga d’une performance toujours plus automatisée, contrôlée, dirigée.

Le véritable enjeu est aujourd’hui d’accompagner les organisations en mobilisant l’intelligence collective le plus largement possible (équipes, entreprises, écosystème), d’engager les acteurs de ces entreprises vers une co-élaboration positive de leur propre futur (à court, moyen et long terme) pour changer la donne selon leurs aspirations individuelles et collectives.

LaCatho-InPrincipo, une marque nouvelle, une nature nouvelle d’accompagnement pour disrupter positivement le nouveau monde !